Durant la nuit, des lutins malicieux se rendaient en catimini chez Poléon Vallée, à l'Anse-Pleureuse, en Gaspésie. Dans l'étable, ils montaient habilement sur un petit banc et tressaient en petites couettes bien serrées la crinière de sa jument préférée.
Les petits malfaisants, que personne n'avait jamais aperçus, avaient un plaisir fou à faire courir son cheval toute la nuit. Avant de partir tôt, le matin, ils lui donnaient une portion d'avoine. Si le grain venait à manquer dans la grange, ils allaient sans aucune gêne en voler chez le voisin.
Le matin, quand Poléon arrivait dans son étable, sa jument était couverte de sueur mais à sa grande surprise, il n'y avait rien de dérangé ou de brisé dans le bâtiment. Il n'y comprenait absolument rien. Comme on dit: mystère et boule de gomme.
En ce temps-là, pour empêcher les lutins de rendre visite aux chevaux et de partir en balade improvisée avec eux, certains cultivateurs plaçaient un plat invitant d'avoine vis-à-vis de la porte de l'étable.
S'ils avaient le malheur de renverser le contenant, ils passaient la nuit à ramasser les brins et n'avaient pas la pensée ni le temps de toucher aux chevaux. Comme les lutins sont de petits êtres imbus d'orgueil, ils n'osaient plus s'approcher des lieux et disparaissaient à tout jamais.
D'autres habitants avec des idées originales et bien arrêtées, sculptaient un petit cheval en bois et le plantaient sur une épée qui était fixée sur le toit de la grange. Les lutins, débordants d'énergie et surtout euphoriques de cette merveilleuse attention, chevauchaient durant toute la nuitée la girouette et ne pensaient plus à entrer dans l'étable.
On dit que le meilleur tour à jouer aux lutins, c'est de faire prisonnière une lutine. C'est prouvé, que son bel amoureux pourrait payer un plein baril d'or pour la délivrer et la récupérer. Par la suite, je crois bien qu'il n'aurait plus envie de payer une rançon si onéreuse! Alors, adieu les visites dans les étables et les promenades clandestines au clair de lune!
D'après: Les Légendes du Saint-Laurent
Adapté et publié par: Martine Pelletier
Photos: libres de droits
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