jeudi 27 mars 2025

Souvenirs rétro (7)


Ah! Que dire de ces bons Flippers qui flippaient dans tout le sens du terme, accompagnés de sons sortis de nulle part, qui nous encourageaient à continuer. C'était la belle époque au petit restaurant Chez Jules à Baie-des-Sables. Un divertissement sur place, qui ne coûtait presque rien. Je peux vous dire que j'ai bien connu ce petit plaisir qu'on surnommait aussi les machines à boules. J'en étais gaga!


Fume, fume, fume... c'est de la fumée! Aujourd'hui, on se sert bien souvent de cet objet comme un support à plante, mais dans les années 60, c'était un cendrier sur pied. Il y en avait aussi en bois. Imaginez! Durant les fêtes de famille, on pouvait le vider de 3 à 4 fois, car plusieurs personnes étaient adeptes inconditionnels de la cigarette à cette époque! Les temps ont bien changé, mais en mieux, car beaucoup de personnes ont compris le danger imminent pour leur santé et se sont pris en main.


Ah! Les vieux fannils de grange! On avait tellement de plaisir à y jouer. L'odeur du foin nous rendait très intrépides! On se prenait pour des Tarzans, car des cordes étaient suspendues aux poutres et on sautait à pieds joints dans le foin, en criant fort pour signifier notre bravoure. De plus, plusieurs chattes mettaient au monde leurs rejetons dans des recoins inusités et sombres, que seule, je connaissais l'existence, et que je ne dévoilais à personne. J'allais les visiter en catimini. C'était mon petit secret!


La chaudière à bonbons vraiment rétro! Elle contenait toutes sortes de bonbons de différentes formes et surtout de différentes saveurs, dont certains pigés au hasard, étaient vraiment poignants au goût. Mais les plus futés et surtout les habitués savaient choisir les meilleurs à déguster. Bien souvent, les indésirables restaient collés au fond du récipient. Je suis chanceuse, car j'ai la même, identique à la photo, et je me souviens de l'avoir  trouvée dans la petite dépense de la maison. Un trésor plus que rétro!


C'était l'époque de la féminité! Une époque à la Marilyn Monroe, où l'élégance et la simplicité était de mise. Les femmes n'avaient rien à se prouver: pas de chirurgie plastique, de gros seins gonflés artificiels, de babines gonflées au Botox et on en passe...  Elles n'avaient pas besoin de se déshabiller comme aujourd'hui sur les réseaux sociaux, car elles 
étaient naturellement belles et surtout avec de la classe! J'adore ces superbes robes, j'en possède une surprenante collection avec en prime, des crinolines de plusieurs couleurs!

Publié par Martine Pelletier
Textes: Martine Pelletier

Légendes du fleuve: La dame blanche



Après avoir passé un dur et interminable hiver à guider en canot sur le fleuve Saint-Laurent, un riche marchand de fourrures, Louis Gauthier rejoignit avec bonheur sa fiancée, Rose, qui l'attendait avec impatience à Beauport.


Peu de temps après, la nouvelle de l'arrivée de la flotte anglaise se répandit et Louis dut partir pour participer au combat. La bataille fut difficile et surtout très sanglante. Les jours passèrent et sans nouvelles de Louis, Rose inquiète, se précipita sur les rives du fleuve. Le capitaine, chargé de relever les morts, ne trouva malheureusement pas le corps de Louis.



Après des jours et des jours de recherche sans fin, Rose retrouva finalement son fiancé, qui avait succombé à ses graves blessures sur les bords de la rivière Montmorency. Accablée par le chagrin, Rose revêtit sa robe de mariée, se rendit désespérée près des chutes, puis disparut à tout jamais.


Bien des années plus tard, les habitants hardis qui se rendaient tard le soir sur la grève, racontaient apercevoir une ombre blanche errer dans la nuit noire. Ils pouvaient entendre aussi, au loin dans des murmures plaintifs:  « Louis, où es-tu? »Incrédules et surtout apeurés, ils quittaient les lieux à la vitesse de l'éclair!

D'après: Les Légendes du Saint-Laurent

Adapté et publié par Martine Pelletier

Photos: libres de droit

Légendes de la Matapédia: le diable danseur




 C'était un soir de Mardi Gras

À Routhierville dans la Matapédia

Où Rose Latulipe, coquette et très jolie

Qui portait avec élégance à son cou une petite croix

Pour mettre en évidence sa foi

Faisait tout quand même pour épater la galerie

En cette soirée de bal que son père avait organisée

Où elle lui avait fait la promesse 

De s'amuser un peu mais de ne pas flirter

Tout en gardant quand même sa gentillesse

Elle a réussi à tenir son engagement

Jusqu'à la surprenante arrivée

D'un séduisant et mystérieux étranger

Remarquablement élégant

Ganté, chapeauté et tout vêtu de velours noir

Qui brillait de mille feux dans le soir

D'un regard enjôleur et d'un pas décidé

Vers elle, il se dirigea immédiatement

Pour une invitation à danser

Dès cet instant, Rose fut subjuguée

Elle accepta sans hésitation 

Et commença alors l'interminable tourbillon

Personne ne pouvait les arrêter

Pas même les douze coups de minuit

Où il était strictement interdit

De faire la fête, le Carême arrivé

En serrant sa partenaire contre lui

L'inconnu lui a demandé de lui appartenir

Pour le reste de sa vie

 

Rose, toujours sous le charme ne pouvant pas s'enfuir

Lui a dit immédiatement oui

Aussitôt, on entendit un cri de douleur

Elle venait d'être piquée à la main, quelle horreur!

Elle recula avec un air de désarroi

Refusant un somptueux collier de perles et d'or

En échange de la petite croix

Rejetant avec la peur au ventre, cet odieux accord





De son presbytère et présageant le pire

Et n'ayant pas du tout le goût de sourire

Le curé du village est apparu soudain

Bien croyant et confiant, c'est certain

Et aspergea le beau danseur avec de l'eau bénite

Dès lors, sa présence indésirable fut interdite

Celui-ci  n'a pas eu le choix de fuir

Sur son cheval noir aux naseaux crachant du feu

Et aux yeux sataniques et ténébreux

En laissant sur le plancher des traces fumantes


Et une affreuse odeur puante

Avec une Rose sans connaissance

Qui implorait avec insistance

Qu'on l'enferme dans un couvent

Pour oublier ces affreux moments

Après seulement trois ans de vocation religieuse

Rose Latulipe est morte en dévotieuse.

Écrit et publié par Martine Pelletier (auteure)

D'après les Légendes de la Matapédia

Photos: libres de droit







Légendes De La Matapédia: La Montagne à Fournier




Son nom était Frédéric Fournier. Âgé seulement d'une vingtaine
 d'années, en 1831, il participa au tracé de la route de la vallée de la Matapédia. Son métier d'arpenteur, il l'avait appris tout bonnement, en accompagnant son paternel dans les vastes bois de la Côte-du-Sud.

Tout allait pour le mieux, mais, un certain jour, rendus au lac Matapédia, Fournier et ses trois amis qui l'aidaient dans son travail, manquèrent leur rendez-vous avec les Micmacs, qui leur apportaient de la nourriture. 

Lassés d'attendre et surtout très affamés, les quatre hommes se fabriquèrent un radeau pour aller à Restigouche chercher des provisions. Entre Amqui et Lac-au-Saumon, leur embarcation de fortune chavira, suite aux eaux printanières qui étaient très rapides et dangereuses. 

Malheur! Fournier disparut dans les courants tumultueux, qui ne pardonnaient pas en ce temps de l'année. Tandis que ses trois compagnons regagnèrent la rive de peine et de misère.

L'automne venu, des Amérindiens repêchèrent un noyé, dont le corps flottait sur les eaux glaciales et agitées de la rivière Matapédia. 

Il portait une bague au doigt et on sut, par le fait même, qu'elle appartenait au jeune homme, grâce aux initiales gravées sur le bijou. 

Il fut enterré le long de ce grand cours d'eau, au pied de la montagne, qui a pour nom aujourd'hui: La Montagne à Fournier. 

Une décennie plus tard, les parents du jeune arpenteur se rendirent en voiture à cheval, au pied de cette montagne, pour exhumer le corps, pour le ramener dans le cimetière paroissial. Lorsque le cadavre fut placé respectueusement dans la voiture, les chevaux refusèrent d'avancer et n'obéissaient pas du tout aux commandes données. 

C'est alors qu'on demanda à deux Indiens, de placer le corps dans un canot, pour le conduire à destination, mais sans succès. Curieusement, les rames craquaient pour finalement se casser en mille morceaux et le canot demeurait immobile. 

On comprit, après ces vains essais, que la montagne avait adopté le jeune homme courageux et qu'elle ne voulait pas du tout le laisser partir. 

C'est ainsi que depuis plus de 150 ans, Frédéric Fournier se repose au pied de cette montagne. Ce qui sort de l'ordinaire, c'est, que chaque fois que la croix en bois, plantée sur la fosse, se détériore, une nouvelle, comme par magie, réapparaît!

D'après Les Légendes De La Gaspésie

Adapté et publié par Martine Pelletier

Photos: libres de droits









Légendes Du Fleuve: L'ogre De La Côte Nord

Un vieux prêtre partit de Québec en canot accompagné de deux rameurs indiens. Profitant des derniers jours de la saison estivale, il se rendait à Sept-Îles pour légaliser des baptêmes et des mariages. 

Après le départ, environ le cinquième jour, un temps exécrable les obligea à se mettre en sécurité, sur les rives près des îlets Méchins. Malgré leur chance d'avoir pu atteindre ce territoire, ce n'était pas avec joie qu'ils s'y réfugièrent pour passer la nuit. 

Selon ce qu'on racontait, vivait dans les parages, un ogre qui se déplaçait à l'aide d'une gourdine coupée dans un arbre. De plus horrible encore, son unique cri pouvait instantanément tuer un homme. Tout cela se passait lorsque la tempête faisait rage: plusieurs voyageurs, l'avaient aperçu sautiller et hurler de rage en se promenant sur le rivage. 

Le vent soufflait à vive allure et le feu s'éteignit tandis que les voyageurs cachés sous leur canot, finirent par plonger dans un sommeil bien mérité. Soudain, un cri, venant de nulle part, les figea de frayeur. Dans la noirceur à faire peur, ils ne virent pas le géant, mais lui, les observait de sa cachette secrète.

À la vitesse de l'éclair, le vieux prêtre tira sur le crucifix qu'il portait toujours à son cou. De son bras, il le pointa en direction d'où provenait cet épouvantable et insoutenable tintamarre.

Avec un râle épouvantable, l'ogre s'éloigna à toute vitesse des campeurs et disparut dans la forêt. Au lever du soleil, les deux Indiens mirent la main sur son bâton de bois, ils le transformèrent pour en faire une grande croix et la plantèrent dans la terre. 

On n'aperçut plus jamais ce maléfique personnage, errant sur les îlets Méchins. Par contre, certains chasseurs revenant du Grand Nord, l'auraient vu s'enfuir à toute vitesse, direction Nord. Ces lieux sont appelés aujourd'hui: l'Anse à la Croix.

D'après Les Légendes De La Gaspésie

Adapté et publié par Martine Pelletier

Photos: libres de droits










Légendes Du Fleuve: La Roche Pleureuse



À la tête de ses hommes, un certain été vers 1805, plus tôt que d'habitude, Charles Desgagnés avait le projet de se rendre dans les vieux pays. Il voulait être de retour à l'Île aux Coudres à l'automne, pour se marier avec sa belle Louise. 

Chargé de bois, son voilier était prêt pour le grand départ. C'est ainsi que les membres de l'équipage faisaient leurs adieux à leurs proches après avoir passé la soirée à danser et à s'amuser. 

La fiancée de Charles passa son été à préparer la maison, qui était déjà construite, sur la pointe de l'Île. 



À la fin de septembre, tout était organisé, la future mariée commença à trouver le temps bien long. Elle passait tous ses après-midis, assise sur une pierre, en scrutant la mer jusqu'à l'horizon. 

Chaque soir, elle visitait son père qui la rassurait, en lui disant que certains voiliers ralentissaient, par manque de vent, ayant pour conséquence de retarder grandement le voyage de retour. 

Quand la froidure commença à pointer le bout de son nez et que les outardes plièrent bagage pour retourner se la couler douce au soleil, la jolie fiancée n'avait pas le choix de surveiller la mer, par la fenêtre du pignon de sa maison.

Ce fut, pour elle, un pénible hiver teinté de tristesse et d'inquiétude. Quand les glaces sur le fleuve disparurent, Louise passa des journées entières sur la pointe de l'Île, pleurant à chaudes larmes l'absence de son bien-aimé. Et c'est ainsi qu'un certain soir de mai, elle ne revint pas chez elle.

Tous les habitants se mirent à sa recherche, mais en vain. Un matin, à la première heure, son père, contournant de hautes herbes au bord de la rive, aperçut une grosse pierre où poussaient de magnifiques fleurs sauvages. 

Sous la roche, s'échappait un filet d'eau limpide. Dès cet instant, il ordonna aux hommes de retourner à leur domicile afin de rester seul avec sa peine. 

Il posa doucement sa tête sur la grosse roche et il comprit, à ce moment-là, que Louise s'était transformée en pierre. Depuis ce temps, elle pleure durant les quatre saisons, face au fleuve, son fiancé, perdu pour toujours en mer.

D'après Les Légendes du Bas Saint Laurent

Adapté et publié par Martine Pelletier

Photos: libres de droits





 




 

Légendes du Fleuve: Les Lutins

Durant la nuit, des lutins malicieux se rendaient en catimini chez Poléon Vallée, à l'Anse-Pleureuse, en Gaspésie. Dans l'étable, ils montaient habilement sur un petit banc et tressaient en petites couettes bien serrées la crinière de sa jument préférée. 

Les petits malfaisants, que personne n'avait jamais aperçus, avaient un plaisir fou à faire courir son cheval toute la nuit. Avant de partir tôt, le matin, ils lui donnaient une portion d'avoine. Si le grain venait à manquer dans la grange, ils allaient sans aucune gêne en voler chez le voisin. 

Le matin, quand Poléon arrivait dans son étable, sa jument était couverte de sueur mais à sa grande surprise, il n'y avait rien de dérangé ou de brisé dans le bâtiment. Il n'y comprenait absolument rien. Comme on dit: mystère et boule de gomme.

En ce temps-là, pour empêcher les lutins de rendre visite aux chevaux et de partir en balade improvisée avec eux, certains cultivateurs plaçaient un plat invitant d'avoine vis-à-vis de la porte de l'étable.


S'ils avaient le malheur de renverser le contenant, ils passaient la nuit à ramasser les brins et n'avaient pas la pensée ni le temps de toucher aux chevaux. Comme les lutins sont de petits êtres imbus d'orgueil, ils n'osaient plus s'approcher des lieux et disparaissaient à tout jamais. 

D'autres habitants avec des idées originales et bien arrêtées, sculptaient un petit cheval en bois et le plantaient sur une épée qui était fixée sur le toit de la grange. Les lutins, débordants d'énergie et surtout euphoriques de cette merveilleuse attention, chevauchaient durant toute la nuitée la girouette et ne pensaient plus à entrer dans l'étable.

On dit que le meilleur tour à jouer aux lutins, c'est de faire prisonnière une lutine. C'est prouvé, que son bel amoureux pourrait payer un plein baril d'or pour la délivrer et la récupérer. Par la suite, je crois bien qu'il n'aurait plus envie de payer une rançon si onéreuse! Alors, adieu les visites dans les étables et les promenades clandestines au clair de lune!

D'après: Les Légendes du Saint-Laurent

Adapté et publié par: Martine Pelletier 

Photos: libres de droits 

Légendes du fleuve: LA DAME AUX GLAÏEULS

Personne ne la voyait durant le jour

Elle descendait de nuit, toujours

Pour se refléter en catimini sur les eaux du fleuve

Dans un rayon de lune nouvelle

Comme une sournoise sentinelle

Elle n'avait rien à son épreuve

Un soir, un vieux canotier

Accepta de bon coeur de transporter

Une mère et son jeune fils, voyageurs

Le Bas Saint-Laurent était leur direction

Partis de Québec depuis quelques heures

Ils avaient bien hâte d'arriver à destination

Soudain, la nouvelle lune se dégagea des nuages

C'est alors que l'enfant se réveilla en sursaut

Une femme vêtue de blanc marchait sur les eaux

Et non tout bonnement sur le rivage


Au lever du jour, le brave canotier

Voulait à tout prix se ravitailler

Il se dirigea donc vers la grève

Pour chasser des oiseaux et non des lièvres


🐇🐇🐇🐦🐦🐦


Revenu à la barque, elle était vide

Les deux passagers avaient disparu

Et au loin, se firent entendre des lamentations

L'atmosphère était vraiment morbide

À un arbre, la mère était pendue

Au sol, le fils était en suffocation

Il raconta qu'ils avaient été attiré

Par une grande dame aux yeux verts

Au milieu de gouttelettes d'eau de mer

Sertie de cheveux très noirs

Qu'elle faisait au vent, doucement valser

Impossible de ne pas la voir

Soudain, elle s'est emparé d'eux

De sa figure, brillait un halo lumineux

Elle souriait de satisfaction

Absente de toute compassion

Depuis ce temps, les enfants évitent la grève

À la nouvelle lune, de peur de faire de mauvais rêves

Ou tout simplement de disparaître pour toujours

Sans aucune sortie de secours.

Écrit poétique publié par Martine Pelletier (auteure)

D'après les Légendes du Saint-Laurent

Photos: libres de droit











Légendes Gaspésiennes: Le Sabbat Des Chats




Son nom était monsieur Sasseville, il détenait le contrat de la poste. Il parcourait les chemins toute l'année avec son sac sur le dos, contenant le courrier. En ce temps-là, il marchait sur la grève, en toute quiétude, le long du fleuve Saint-Laurent. 

Mais dès la venue du printemps, il devait contourner de gros morceaux de glace, collés les uns sur les autres. Ce qui devenait un trajet bien difficile et non sécuritaire. 


Un certain soir, il avait été retardé par cette météo désastreuse, cadeau gratuit, de Dame Nature. Il se pointa le nez, environ vers neuf heures, à Mont-Louis. Il était très en retard sur son horaire.

Une excellente raison pour que le maître de poste lui propose de ne pas continuer son voyage et de coucher sur les lieux. 


Il rejeta la proposition en disant qu'il devait continuer et qu'il ferait le trajet de nuit. Quand il arriva tout près de la Rivière-à-Pierre, devant un pont et face à de gigantesques montagnes, il entendit un fracas épouvantable, qui se rapprochait de lui à une vitesse éclair.

La peur le figea sur place et il s'empressa de faire son acte de contrition. Il s'est enfoui la figure dans la neige et son sac, très pesant de malle, lui claqua en arrière de la tête. C'est alors que des hurlements de chats enragés s'élevèrent dans l'air frais du soir et diminuèrent à mesure que les félins devenaient invisibles.



Lorsque Sasseville arriva au village voisin, il raconta son aventure inimaginable. Les habitants lui affirmèrent qu'il avait eu de la chance, parce que ces chats habitaient, depuis longtemps, le Pont des Chicanes et de plus, ils étaient ensorcelés et bien dangereux. 

Ces derniers se comptaient par centaines autour de ce pont. Certains soirs de pleine lune, ils ne se gênaient pas pour attaquer et faire peur aux passants, qui osaient s'aventurer trop près de leur territoire.


Ce manège punitif existait depuis bien longtemps déjà. Cette vengeance féline avait pour but de sanctionner ceux qui s'étaient chicanés, en refusant de fournir le bois nécessaire, lors de la construction de ce pont damné.

D'après Les Légendes Gaspésiennes
Adapté et publié par Martine Pelletier
Photos: libres de droits

 




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Légendes Gaspésiennes: Le Rêve Réalisé



Il y avait des jeunes époux, qui avait pris la décision d'habiter dans une cabane sur l'île Bonaventure. Ils vivaient très pauvrement. C'était une terre de roches, elle était plus ou moins cultivable. De plus, aucun animal de ferme ne vivait sur ce petit lopin de terre. Le mari, un vaillant gaillard, pêchait du poisson, près de l'Anse à Beaufils.
 

Un jour, l'épouse donna l'hospitalité à des naufragés, mais malheureusement, elle n'avait rien à leur offrir à manger. Un des marins, lui dit, qu'elle pourrait facilement obtenir une vache, en faisant une demande au génie des eaux, qui avait sa cachette dans l'anse, où son mari pêchait quotidiennement. 

Sans perdre un instant, elle pressa le pas, pour aller faire sa demande, sans trop se poser de questions. Le lendemain matin, une surprenante vision l'attendait: une grosse vache broutait les quelques brins d'herbe friables, près de la vieille cabane. 

C'est alors, qu'elle eut la brillante idée de faire beaucoup de beurre et de fromage, pour vendre aux habitants du village. Avec l'argent recueilli, ils construisirent une belle et grande maison.

Mais elle en voulait encore plus. Elle fit une autre visite au génie et lui demanda, cette fois-ci, trente vaches. Avec les gros profits obtenus de cette acquisition, le pêcheur, sans hésiter, s'offrit en cadeau, une magnifique goélette neuve. 

Encore une fois, insatisfaite, la femme se dit que si un pont existait entre l'île et les côtes gaspésiennes, ses vaches traverseraient, pour brouter l'herbe des vastes champs, pour revenir le soir sur l'île, pour se faire traire.

Le bruit des sabots des vaches se fit entendre tôt, le matin, sur le long pont de bois, qui était apparu pendant la nuit. Folle de joie, elle revêtit une jolie robe neuve, et se rendit, toute pimpante, sur le pont. Soudain, le pont s'écroula et la pauvre femme tomba à la renverse dans l'eau. 

Lorsqu'elle reprit ses esprits, elle portait une de ses vieilles robes et se retrouvait près de son vétuste logis, accompagnée de son mari, réparant un désuet filet de pêche. 

En souriant, ce dernier lui mentionna, qu'elle avait sombré dans un profond sommeil, en travaillant avec lui, sur le site de pêche. Et qu'il l'avait ramenée, endormie, à la cabane. De la voir, aussi éberluée de stupeur, il lui dit qu'elle avait sans doute fait un très mauvais rêve. 

L'été suivant, une goélette, chargée de bois et d'animaux, fit naufrage sur la rive, non loin de leur porte. Le mari récupéra tout le bois possible, pour construire une jolie maison. Et sa femme, comblée de bonheur, y adopta une vache et son veau, qui avaient survécu, par miracle, au naufrage. 

Il faut parfois rêver nos rêves, pour qu'ils se réalisent en ne demandant toutefois que l'essentiel!

D'après Les Légendes De La Gaspésie

Adapté et publié par Martine Pelletier

Photos: libres de droits

Légendes Du Fleuve: La Prisonnière Échappée



Blanche de Beaumont, une jeune Française, issue de famille noble, avait réussi à convaincre ses parents de la laisser traverser les mers pour aller rejoindre son fiancé, un officier posté à Québec.

Après trois longs mois passés en mer, les marins distinguaient enfin la terre ferme, mais un équipage de pirates les attaqua et les massacrèrent. 

Tous furent jetés violemment, dans les eaux glaciales. Seule, Blanche fut faite prisonnière car le capitaine du bateau voulait en faire à tout prix son épouse. 

Prise de désespoir, en pensant qu'elle ne reverrait plus jamais son jeune fiancé, bien décidée, se jeta avec courage à la mer. Les hommes ont tout fait pour la retirer des eaux tumultueuses, mais bien vite, elle disparut de leur vue. 

Pressentant la venue d'un châtiment possible, ils ont pris la décision de naviguer en bordure des terres pour mieux se protéger.

Le lendemain, arrivés presque en vue de Gaspé, ils furent fascinés par un rocher différent des autres. Une force irrésistible les fit s'approcher le plus près possible. Fascination! Ils aperçurent une jolie et gracieuse jeune fille, vêtue de blanc, qui fredonnait une irrésistible mélodie et dont le visage était caché par un léger voile.

C'est alors, qu'un orage éclata, accompagné d'épouvantables éclairs. Elle leva les mains au-dessus de sa tête et leur jetèrent sans hésiter une malédiction. Son voile s'envola au vent en laissant sa figure à découvert. Les pirates pris de frayeur reconnurent leur ancienne prisonnière, Blanche de Beaumont.

Sans avoir eu le temps de réagir, ils furent changés en pierre, ainsi que leur bateau. Depuis ce temps, près du Cap-des-Rosiers, en Gaspésie, c'est une masse de pierre, ayant l'allure d'un grand voilier qui repose là, figé éternellement dans le fleuve. 


On dit même que personne, même pas les oiseaux de mer, n'osent s'aventurer tout près de cette curieuse masse de pierre, figée à tout jamais dans les méandres du temps!

D'après Les Légendes du Saint-Laurent
Adapté et publié par Martine Pelletier (auteure)
Photos: libres de droits