jeudi 27 mars 2025

Légendes de la Matapédia: La Bête Du Lac


En ce temps-là, il y avait un riche spôte ou sportsman qui s'était réservé un superbe bassin de truites dans le lac Matapédia. Il avait engagé un gardien des lieux, qui se chargeait d'éloigner les pêcheurs de la région.

De connivence, avec ses invités bien nantis comme lui, qui venaient pêcher chaque été, ils divulguaient l'information, qu'une bête dangereuse avait élu domicile dans le lac, aux environs du bassin de truites.

Ils mentionnaient, qu'ils avaient été pourchassés par un gigantesque poisson coiffé d'une tête de cheval, qui montait sans avertissement à la surface du lac, pour tenter de dévorer ceux qui pêchaient à cet endroit. 

Cet animal sorti de nulle part, disaient-ils, avait des yeux démesurés et il poussait des hurlements vraiment terribles, à vous glacer le sang. À les entendre parler ainsi, les habitants de la région, n'avaient pas du tout envie de se rendre à cet endroit maudit, pour une excursion de pêche. Les riches avaient la sainte paix et riaient haut et fort dans leur barbe.

Mais bientôt, cette supercherie arriva aux oreilles des Micmacs, dont leurs ancêtres avaient fréquenté ce bassin de truites depuis des générations. Avec la rage au coeur, ils décidèrent que ces bourgeois allaient goûter à leur médecine indienne. 

Ils se mirent en secret à la fabrication d'un monstre fabuleux. À l'aide d'une peau d'orignal tannée, munie de sa tête, ils allongèrent le corps de la bête avec plusieurs autres peaux d'animaux. Une large et longue queue de poisson vint s'ajouter à ce gigantesque serpent rembourré et peint de couleur or. 

La nuit venue, les Micmacs se rendirent cacher leur bête géante dans les broussailles, tout près des lieux où le bourgeois et ses invités de marque venaient tranquillement taquiner la truite à la tombée du jour. 

Pour rendre leur création fonctionnelle, ils avaient fixé sous le ventre de la bête, des  pierres pour la faire tenir droite sur l'eau. En plus, un système de longues cordes avaient été installé, pour la faire traverser aisément d'une rive à l'autre du bassin de truites. 

Ils se fabriquèrent aussi un porte-voix en écorce de bouleau, avant de disparaître dans la nature, en attendant l'occasion rêvée de le faire la peur de leur vie.


Le soir suivant, alors que les bourgeois étaient distraits par des colonies de mouches noires, qui les piquaient à outrance, ils virent soudainement s'élever sur le lac, à quelques centaines de pieds devant eux, une bête effrayante, qui poussait des hennissements d'une rare intensité. 

Paniqués par cette épouvantable apparition, les hommes agrippèrent leurs femmes, qui allaient s'évanouir et prirent la fuite en abandonnant, derrière eux, tous les attirails de pêche et les nombreuses prises de truites. Sont-ils revenus dans le coin? D'après vous? Je n'y crois pas tellement!

D'après: Les Légendes de la Gaspésie

Adapté et publié par Martine Pelletier

Photos: libres de droits





 







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