Son nom était Frédéric Fournier. Âgé seulement d'une vingtaine d'années, en 1831, il participa au tracé de la route de la vallée de la Matapédia. Son métier d'arpenteur, il l'avait appris tout bonnement, en accompagnant son paternel dans les vastes bois de la Côte-du-Sud.
Tout allait pour le mieux, mais, un certain jour, rendus au lac Matapédia, Fournier et ses trois amis qui l'aidaient dans son travail, manquèrent leur rendez-vous avec les Micmacs, qui leur apportaient de la nourriture.
Lassés d'attendre et surtout très affamés, les quatre hommes se fabriquèrent un radeau pour aller à Restigouche chercher des provisions. Entre Amqui et Lac-au-Saumon, leur embarcation de fortune chavira, suite aux eaux printanières qui étaient très rapides et dangereuses.
Malheur! Fournier disparut dans les courants tumultueux, qui ne pardonnaient pas en ce temps de l'année. Tandis que ses trois compagnons regagnèrent la rive de peine et de misère.
L'automne venu, des Amérindiens repêchèrent un noyé, dont le corps flottait sur les eaux glaciales et agitées de la rivière Matapédia.
Il portait une bague au doigt et on sut, par le fait même, qu'elle appartenait au jeune homme, grâce aux initiales gravées sur le bijou.
Il fut enterré le long de ce grand cours d'eau, au pied de la montagne, qui a pour nom aujourd'hui: La Montagne à Fournier.
Une décennie plus tard, les parents du jeune arpenteur se rendirent en voiture à cheval, au pied de cette montagne, pour exhumer le corps, pour le ramener dans le cimetière paroissial. Lorsque le cadavre fut placé respectueusement dans la voiture, les chevaux refusèrent d'avancer et n'obéissaient pas du tout aux commandes données.
C'est alors qu'on demanda à deux Indiens, de placer le corps dans un canot, pour le conduire à destination, mais sans succès. Curieusement, les rames craquaient pour finalement se casser en mille morceaux et le canot demeurait immobile.
On comprit, après ces vains essais, que la montagne avait adopté le jeune homme courageux et qu'elle ne voulait pas du tout le laisser partir.
C'est ainsi que depuis plus de 150 ans, Frédéric Fournier se repose au pied de cette montagne. Ce qui sort de l'ordinaire, c'est, que chaque fois que la croix en bois, plantée sur la fosse, se détériore, une nouvelle, comme par magie, réapparaît!
D'après Les Légendes De La Gaspésie
Adapté et publié par Martine Pelletier
Photos: libres de droits
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