jeudi 27 mars 2025

Légendes Du Fleuve: La Roche Pleureuse



À la tête de ses hommes, un certain été vers 1805, plus tôt que d'habitude, Charles Desgagnés avait le projet de se rendre dans les vieux pays. Il voulait être de retour à l'Île aux Coudres à l'automne, pour se marier avec sa belle Louise. 

Chargé de bois, son voilier était prêt pour le grand départ. C'est ainsi que les membres de l'équipage faisaient leurs adieux à leurs proches après avoir passé la soirée à danser et à s'amuser. 

La fiancée de Charles passa son été à préparer la maison, qui était déjà construite, sur la pointe de l'Île. 



À la fin de septembre, tout était organisé, la future mariée commença à trouver le temps bien long. Elle passait tous ses après-midis, assise sur une pierre, en scrutant la mer jusqu'à l'horizon. 

Chaque soir, elle visitait son père qui la rassurait, en lui disant que certains voiliers ralentissaient, par manque de vent, ayant pour conséquence de retarder grandement le voyage de retour. 

Quand la froidure commença à pointer le bout de son nez et que les outardes plièrent bagage pour retourner se la couler douce au soleil, la jolie fiancée n'avait pas le choix de surveiller la mer, par la fenêtre du pignon de sa maison.

Ce fut, pour elle, un pénible hiver teinté de tristesse et d'inquiétude. Quand les glaces sur le fleuve disparurent, Louise passa des journées entières sur la pointe de l'Île, pleurant à chaudes larmes l'absence de son bien-aimé. Et c'est ainsi qu'un certain soir de mai, elle ne revint pas chez elle.

Tous les habitants se mirent à sa recherche, mais en vain. Un matin, à la première heure, son père, contournant de hautes herbes au bord de la rive, aperçut une grosse pierre où poussaient de magnifiques fleurs sauvages. 

Sous la roche, s'échappait un filet d'eau limpide. Dès cet instant, il ordonna aux hommes de retourner à leur domicile afin de rester seul avec sa peine. 

Il posa doucement sa tête sur la grosse roche et il comprit, à ce moment-là, que Louise s'était transformée en pierre. Depuis ce temps, elle pleure durant les quatre saisons, face au fleuve, son fiancé, perdu pour toujours en mer.

D'après Les Légendes du Bas Saint Laurent

Adapté et publié par Martine Pelletier

Photos: libres de droits





 




 

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