samedi 8 janvier 2022

Conte de la Mer





Il y a de cela des lunes et des lunes, à mille lieues au plus profond du fleuve Saint-Laurent, vivait en toute quiétude, une blonde sirène de mer aux yeux couleur d'azur. 

Au large de ce majestueux fleuve, l'eau est bleue et limpide comme le plus beau vase de cristal. Mais elle est si profonde que nul marin ne peut y jeter l'ancre de son bateau. 

Et c'est dans ce petit domaine sous-marin d'ondes teinté de liberté et d'amour que Sirèna vit depuis que ses ancêtres ont quitté le monde terrestre pour une contrée inconnue, le paradis. Loin du monde des humains qui bien souvent décevait cette sirène rebelle au 💙 tendre.

Mais n'allez pas croire que rien ne poussait même au plus profond de ces abysses. On y trouvait de gigantesques arbres centenaires dont les branches et les feuilles dansaient au moindre mouvement de l'eau. Tout ce qui poussait dans son jardin respirait la vie et le bonheur. 

Tous les poissons, petits ou grands, scintillaient comme des diamants parmi les roches et les rochers. Ils devenaient des oiseaux de liberté en se glissant tout doucement dans les branches.

Ses fleurs, ses créations et surtout ses poissons-chats et ses chiens de mer avaient une place de choix dans sa vie quotidienne. Elle était prête à tout pour défendre son territoire et davantage toutes les créatures marines qu'elle aimait tant. 

Rien ne lui faisait peur. Elle était toujours prête à monter aux barricades pour dire non aux injustices et défendre ce qui lui tenait à 💗.

Elle vivait heureuse jusqu'au jour où une grande fête se préparait à des kilomètres de chez elle sur la terre des humains. On disait qu'un livre souvenir allait venir au monde. 

On rendrait ainsi hommage à ces nombreux ancêtres terriens qui ont travaillé du matin au soir pour bâtir cette petite contrée maritime située tout près d'une merveilleuse baie de sable. 

Elle savait aussi que la vie de ses grands-parents allait faire partie de ce bijou littéraire et elle en était tellement fière.

C'est avec le💗léger qu'elle se mit en route. Sans se douter que des prédateurs qui vivaient là-bas dans ce petit patelin, attendaient leurs proies, bien blottis dans leurs couvertures d'algues. 

Avec comme point d'ancrage, l'envie et la jalousie. Après avoir parcouru des centaines de kilomètres, elle arriva près d'un petit quai. Elle osa prudemment sortir sa tête de l'eau. 

En scrutant l'horizon à perte de vue, elle vit un superbe béluga qui se prélassait au soleil et avait fière allure dans son costume gris argenté. 

Il fut agréablement surpris d'apercevoir une vraie sirène de mer. Il n'en croyait pas ses yeux. Peut-être pour lui, un rêve devenu réalité. Qui sait! Espérant aussi s'en faire une amie pour la vie. Ce serait formidable! 

Mettant un terme à son bain de soleil, il s'approcha tout doucement. Après les présentations d'usage et un brin de causette, il mit en garde la belle inconnue. 

Là-bas, près de ces récifs sur lesquels de vieux pneus usés, des outils rouillés, de vieux chiffons imbibés d'huile et des voitures squelettiques ont élu domicile, vivent dans cet environnement désolant, une méduse et une crevette. Ils se croient les maîtres du monde.

Non loin de là aussi, un poisson scie a élu domicile. Comme une sentinelle, il surveille les environs avec attention. Il lui dit de faire bien attention. La méduse semble inoffensive, quand elle se promène lentement comme une mante religieuse, soutenue par les vagues. 

Et la crevette ferait tout pour lui plaire afin de conserver sa place auprès d'elle. Même entreprendre des choses odieuses pour blesser, sans se soucier des conséquences.

Et c'est ainsi que Sirèna continua sa route dans une totale confiance. Surtout bien décidée à aller au bout de son voyage vers la destination de la grande Fête, malgré les avertissements amicaux de Bélumer. 

Et quelle sublime Fête dans cette baie des sables! On pouvait y apercevoir de vrais humains heureux de se retrouver après tant d'années.

Que dire des décorations au mille couleurs qui brillaient avec l'éclat du soleil! De la musique qui vous chavirait l'âme en vous transportant au septième ciel! De la joie et du bonheur à profusion se dessinaient dans les yeux de tous les participants!

Et parmi eux, se tenaient non loin du kiosque de vente la méduse, la crevette et le poisson scie. Semblables à des soldats prêts pour l'attaque ultime. 

Et le moment tant attendu est enfin venu, soit le dévoilement du livre souvenir qui allait clôturer en beauté cet évènement festif.

Déception totale en feuilletant le livre! Pas de mention de ses ancêtres, pas d'écrits et surtout pas de photos explicites de ces derniers. Et quand elle a regardé leur visage démesuré de satisfaction, elle savait ce qu'ils avaient fait de désolant à sa famille.

Une larme coula sur ses belles joues rondes. Sirèna a compris en ce moment précis combien certains humains vivant sur la planète terre peuvent être dépourvus de bonté et sans scrupules. 

On dit que dans la vie, il y a toujours le retour du balancier. On paie toujours pour tout le mal gratuit fait aux autres. De plus, tous ceux qui ne nous tuent pas nous rendent encore plus fort. 

Et encore plus combien, elle était heureuse et choyée de vivre en solitaire tout au fond de la mer. Loin de ce monde cruel, démuni de quasi-valeurs de vie et indifférent au bien-être des autres.




D'un pas décidé et malgré le 💔 saturé d'amertume, elle retourna près du rivage. Quelle surprise d'apercevoir son nouvel ami Bélumer qui se prélassait comme un roi au soleil. Il lui jeta un regard attendri. 

Elle comprit en cet instant précis qu'il serait son allié pour le reste de la vie. Qu'ils partageraient le bonheur de vivre de doux moments, dans un de ces jardins d'Éden situé dans les profondeurs du majestueux fleuve Saint-Laurent.

Publié par Martine Pelletier (auteure)

Photos: mon choix et libres de droits


 

Mes vingt ans ! Dans ma Camaro !






Dans ma Camaro, je t'emmènerai sur tous les chemins d'été. Sur les chemins d'hiver aussi par vents et tempêtes. Avec dans la valise de nombreux sacs de sable afin de rendre ce petit bijou plus performant pour gravir les montées trop abruptes et glissantes durant la saison hivernale. Et oui, quelle chance inouïe de pouvoir conduire un bolide 327, j'étais je crois, à cette époque, la seule jeune fille dans la région à conduire une telle merveille!

Et quelle fierté lorsque le samedi soir, nous arrivions au club nautique de Saint-Noël, mes soeurs et moi, pour la soirée de danse habituelle et tous les gars accoudés à la galerie n'en croyaient pas leurs yeux. Que de regards étonnés! Que de sourires malicieux! Ah ! Une fille au volant d'une fusée couleur orangé. Pas croyable! Allez ma belle, fais-nous une démonstration de ton savoir. Et vlan, un petit coup bien précis sur l'accélérateur et voilà que de nombreux applaudissements de la gent masculine retentissaient sur l'immense galerie de l'établissement. Quelques nuages de poussière à l'horizon mais quelle fierté de pouvoir montrer par l'entremise d'une simple voiture, mon indépendance. Je peux vous affirmer en toute franchise que les jeunes hommes qui fréquentaient cet endroit me respectaient au vrai sens du mot. Mais il faut vous dire que j'étais bien difficile d'approche, un peu sauvage sur les bords et pas pressée du tout de me caser pour la vie.

Mais en toute sincérité, il y avait un jeune homme qui sortait du lot, comme on dit dans le jargon populaire et qui attirait mon attention. Je le trouvais différent des autres jeunes hommes avec au fond des yeux un petit éclat de mystère qui me faisait chavirer lorsque qu'il m'adressait la parole. Ou quand il osait me dire qu'il me respectait beaucoup et que jamais il me ferait de la peine. Comme j'étais heureuse de pouvoir danser vers minuit, les derniers slows interminables de la soirée. Il aurait pu en toute sincérité être mon prince charmant et cela pour toute une vie. De plus, il était mon masculin en prénom et avait lui aussi une Camaro. Je l'aimais beaucoup mais je n'étais pas prête pour la grande envolée nuptiale, je voulais aller au-delà de mes passions et de mes rêves les plus fous. Il restera malgré tout un de mes plus merveilleux souvenirs de ma tendre jeunesse.

La saga camaro a débuté lorsque je suis revenue de l'Université Laval après avoir fait un certificat d'études en journalisme. Ne vous étonnez pas si je vous dis que je m'ennuyais à Québec loin de mon coin de pays adoré, malgré un travail dans une superbe boutique les fins de semaine et des cours d'hôtesse et de mannequin le soir. De très belles expériences de vie mais ma famille et mes amis me manquaient énormément. Revenue dans mon patelin et en attendant la suite des choses, il fallait que je m'occupe et c'est alors que mon cher papa m'a trouvé un travail comme secrétaire à l'école de Baie-des-Sables. J'étais bouche bée quand il m'a annoncé la nouvelle. Bien voyons donc papa, je ne sais pas me servir d'une machine à écrire, je vais faire rire de moi en entrevue. Il m'a dit tout bonnement que j'avais trois jours et trois nuits pour me préparer avant l'entrevue. 

Et la journée fatidique arriva où je me retrouvai dans une salle avec trois autres personnes très expérimentées en secrétariat. Et moi, assise devant les touches du clavier qui semblaient se moquer de moi. Que j'avais hâte de fuir cette situation qui me mettait hors de moi, de prendre la poudre d'escampette. Comme j'en voulais à mon cher papa à cet instant de désarroi extrême !

Quelques jours passèrent et quelle surprise de recevoir un appel de madame Madeleine, la directrice de l'école qui me demandait si je pouvais aller la rencontrer. Quel fut mon étonnement lorsqu'elle m'a annoncé qu'elle m'avait choisie pour occuper le poste et pour la seconder dans son travail. Tout cela grâce à ma dictée sans aucune faute. Le travail consistait aussi à s'occuper de la bibliothèque et de prendre la place des enseignantes lorsqu'elles devaient s'absenter pour une courte période de temps. De là est né, je crois, mon intérêt pour l'enseignement et le désir de poursuivre mes deux années restantes à l'Université du Québec à Rimouski, accompagnée de ma petite soeur Lucie et de Gilberte, qui allait devenir plus tard la conjointe de mon frère Martin.

C'est alors que mon cher paternel m'a dit tout simplement qu'il me fallait une auto pour me rendre au travail. Je lui ai dit que je ne savais pas conduire et de son petit sourire en coin, il m'a répondu que j'allais apprendre vite en allant sur la route. Et c'est cela qui s'est produit et très rapidement, je peux vous l'affirmer: temporaires, assurances... Et surtout cette voiture qui arriva dans la cour un certain soir. Ma Camaro 1967. Un coup de coeur garanti! Un petit bonheur et sublime souvenir de ma tendre jeunesse!

Publié par Martine Pelletier (auteure)


                                                    




Écrire pour moi




Écrire pour moi, c'est poser des mots magiques sur une page blanche. C'est aussi m'aventurer dans des sentiers connus ou inconnus de mon existence. C'est parfois me mettre à nu devant moi-même ou les autres en acceptant, bien entendu, de partager mes expériences heureuses ou malheureuses de ma vie.

Écrire pour moi, c'est comme explorer une caverne teintée de mystères qui me transporte au-delà de ce que l'on peut imaginer que ce soit par de la poésie, des histoires vraies ou simplement par le chemin de l'imaginaire, par ces récits de mon enfance ou de ces légendes qui m'ont permis de m'émerveiller et de garder à tout jamais mon 💗 d'enfant.

Écrire pour moi, c'est encore plus me souvenir, reculer dans le temps de mes années antérieures pour m'apercevoir que la route parcourue a fait de moi la personne que je suis devenue aujourd'hui. C'est aussi garder en mémoire les personnes formidables avec qui j'ai tissé des liens inoubliables et qui m'ont permis de grandir et de poursuivre ma vie en gardant mes valeurs bien ancrées au fond de moi. Ah ! Ces êtres chers qu'on ne peut pas oublier et à qui l'on pense en toutes circonstances parce qu'ils ont pour nous une réelle importance! 

Il y a aussi de ces expériences ou de ces personnes qui sont venues assombrir ma quiétude, mais je me suis toujours dit que ceux qui ne nous tuent pas nous rendent encore plus forts. Pour ma part, ce n'est pas d'oublier, mais d'en parler pour mieux avancer et peut-être donner un petit coup de pouce à ceux qui ont vécu les mêmes situations. On ne peut jamais revenir en arrière, cependant on peut continuer sa vie sans perdre de vue qui on était et qui on est aujourd'hui.

Je suis née pour écrire, je l'ai su très jeune, je dirais quand j'allais à la petite école sur la route 132. Nous étions trois élèves seulement en première année. Je garde un merveilleux souvenir de Louisa qui est partie trop tôt pour le grand voyage, il y a de cela bien des années déjà et Claude, mon petit amour d'enfance qui est devenu un vrai américain pur laine avec qui je corresponds encore aujourd'hui. Dès cet âge déjà, j'adorais plonger la tête dans un livre et surtout écrire dans un petit cahier rose. 

Je me souviens que mon père m'avait acheté, afin de me récompenser pour mes excellents apprentissages, un petit livre qui mettait en vedette une famille d'hippopotames. Mon Dieu, je ne me lassais pas de regarder les images colorées et de le relire page par page et cela me fascinait. De là est née, je crois, cette passion pour la lecture et l'écriture, et j'en remercie encore mon père aujourd'hui, qui avait un talent exceptionnel pour donner vie à des textes. Il était mon héros littéraire.

Plus tard, vers l'âge de 12 ans, mon amour pour l'écriture était encore bien présent. C'est à cette période que j'ai commencé un cahier de poésie où je couchais sur papier mes sentiments du moment et surtout mes rêves les plus chers. Déjà à cette époque, je m'inspirais beaucoup de la mer et en blues jeans sur la plage, je me sentais bien devant cette somptueuse nappe d'eau qui s'étendait jusqu'à l'horizon. Accompagnée par le clapotis des vagues et le cri strident et amusant des goélands, je me sentais vraiment chez moi et en communion avec la nature entière. C'était mon univers, mon havre de paix. Et, j'écrivais:

Les vagues de la mer chanteront pour moi, elles déploieront leur charme séducteur. Pour me conduire malgré mon émoi, au loin, vers des pays enchanteurs.

     

Les mots dansent devant mes yeux et j'ai envie de continuer sans aucun arrêt possible. Et, les idées se multiplient, se bousculent dans ma tête. Je crois bien que c'est cela qui fait l'encre d'un écrivain, son carburant littéraire et qui le conduit au-delà de ce qu'il veut exprimer. C'est sur ces pages que je naviguerai, comme un voilier sur le majestueux fleuve Saint-Laurent à perte de vue, tout en me dirigeant où bon me semble. 

Avec le vent du nord comme pays de mes ancêtres et le vent de l'est comme pays de ma jeunesse. Mes racines irlandaises québécoises me feront vagabonder sur une mer d'eaux calmes et parfois tumultueuses. Mais, je saurai y naviguer sans virer de bord comme une vraie capitaine, en faisant plusieurs escales durant ce périple à bord du voilier de ma vie. Et, que l'aventure commence!

Publié par Martine Pelletier (auteure)

Photos: Martine Pelletier



Chanson d'automne


 Au matin de la vie

Lorsque meurent une à une

Les feuilles flamboyantes

Tu es là au coeur de mon souvenir

Présent comme un ami

Brillant comme un clair de lune

Même parfois si je suis changeante

J'aime me bercer dans ton doux délire

Cette saison ne suffit pas

Pour te révéler toute ma tendresse

Pour te dire que tes bras

Unis à ta délicatesse

Viennent réchauffer souvent

Mon coeur en détresse

Et mon âme aux quatre vents

Tu es le magicien de mon automne

Le plus merveilleux des hommes

Tu me rends la vie belle

Je me sens comme une tourterelle

Volant de ses propres ailes

Tu sais rêver

Comme rêvent mes amies les corneilles

Tu sais aussi tendre l'oreille

Au bruissement d'un peuplier

Bientôt l'automne! Nous deux!  Amoureux!

Publié par Martine Pelletier (auteure)

Photo: Martine Pelletier



Je t'ai cherché

Je t'ai cherché

Dans les yeux des autres

Mais je ne t'ai pas trouvé

Je t'ai cherché

Dans les bras d'un autre

Mais je n'ai pas osé t'oublier

Peut-être que ce soir

J'ai tout deviné

Que pour toi

Les histoires d'un soir

Te hantent sans le savoir                                   

Je t'ai cherché dans la tendresse                       

D'un ami en détresse                                           

Sans pour autant                                                    

Devenir sa maîtresse                                           

Je t'ai cherché dans le ciel étoilé                            

D'une nuit d'été                                                   

Et tu m'as regardée                                            

Comme on revient sur son passé                          

Peut-être que ce soir                                           

J'ai osé croire                                                        

Encore à notre histoire

Même si elle est devenue dérisoire

Je t'ai cherché dans les jeux interdits

D'une douce mélodie

Dans la voix de Pavaroti

Qui s'élève à l'infini

Je t'ai cherché 

Dans les profondeurs

De mon âme solitaire

Cherchant quelques lueurs

De petits bonheurs

Sans pour autant

Deviner l'heure

Où s'écrira le mot

Ailleurs

                 Publié par Martine Pelletier ( auteure )

                 Photo ci-haut: Martine Pelletier