En ce temps-là... Il y avait un jeune homme qui était de retour de Montréal, il s'était rendu faire quelques emplettes à l'occasion du temps des Fêtes.
Pressé de revenir au bercail, il a eu la brillante idée de prendre un raccourci sur la glace du fleuve. Le vent se leva soudainement et il fut pris dans une effroyable tempête hivernale. Son vaillant cheval s'arrêta, car il était aveuglé par une poudrerie qui le clouait sur place.
Il a pris la décision de chercher au plus vite un refuge en attendant la fin du mauvais temps.
Apercevant au loin une vieille maison, il s'empressa de descendre de son traîneau, sans oublier de recouvrir le dos de son cheval avec une couverture. Il se mit en route en direction de la vieille mansarde. Par curiosité, il regarda par la fenêtre qui était à moitié gelée, mais ne vit personne.
Pourtant, un feu de bois était vraiment accueillant dans le vieux foyer fabriqué de pierres! Avec précaution, il ouvrit la porte et sans faire de bruit, se dirigea vers une vieille bûche de bois pour s'asseoir et se réchauffer.
En examinant bien les lieux, son regard s'est posé tout au fond de la pièce sombre, il vit un vieil homme esseulé, assis, sous des dizaines de têtes d'orignaux. Ce dernier, avec le visage hagard, le regardait, tout surpris de sa présence.
Avec politesse, le jeune intrus lui a fait ses excuses d’être entré sans invitation et lui a demandé qui il était. Le vieillard lui a mentionné qu'il était un fantôme et qu'il a été condamné à errer dans cette cabane abandonnée, toutes les veillées du Jour de l'An, en espérant de venir en aide à un voyageur en détresse.
C'est la punition que Dieu lui a prescrite, parce que de son vivant, à cette même époque, il avait refusé d'accueillir un vagabond, un soir de mauvais temps hivernal. À la lever du jour, le lendemain matin, le pauvre malheureux était mort gelé devant la porte, enfoui dans la neige.
Après une nuit passée au chaud, le jeune gaillard s'éveilla aux petites heures du matin, bien à l'abri, dans le fond de son traîneau. Le temps était revenu au calme et le cheval avait repris la route du retour.
Le jeune Hervieux, de son nom de famille, n'a jamais pu comprendre ce qui s'était vraiment passé, ce soir-là! Tout fut confusion et épais brouillard dans sa mémoire. Avait-il rêvé? Laissons tout simplement notre imagination, broder notre propre conclusion!
D'après les Légendes Du Saint-Laurent
Adapté et publié par Martine Pelletier
Photos: choix de Martine et libres de droits