Les blés sont mûrs et la terre est mouillée, les grands labours dormiront bientôt sous la gelée, toi, papa si beau, tu t'es envolé. La porte est close sur ton jardin fané. Oui, ce grand jardinier que tu étais est parti se reposer sous des cieux plus cléments après une vie terrestre riche en récoltes de toutes sortes auprès de ta famille, de ta communauté paroissiale et dans de nombreux organismes sociaux.
Diplômé de l'école d'Agriculture, tu es parvenu à conserver le patrimoine légué par ton père Omer, besognant avec labeur, soir et matin aux confins de tes terres. Tu as réussi, avec l'aide de maman, à nous transmettre les valeurs importantes de la vie tout en vivant dans une nature magnifique entre la forêt et la mer ! Aujourd'hui encore, nous profitons de ce petit trésor familial grâce au travail admirable de Simon qui t'a succédé.
Tu as toujours voulu monter plus haut, aller plus loin. Curieux de nature, tu t'intéressais à tout! Un vrai Columbo! Ta curiosité te menait toujours sur les sentiers de la connaissance. La lecture était pour toi le moyen d'apprendre toujours un peu plus sur la vie et surtout sur le genre humain. Des livres, des journaux, même jaunis par le temps, des découpures de toutes sortes, des vieilles photos. Il y en avait partout. L'histoire te passionnait.
Et que dire des traces laissées par tes ancêtres que tu gardais précieusement dans ton soi-disant musée! Quelle fierté et combien d'étincelles brillaient dans tes yeux quand tu partageais tes fameux trésors avec les visiteurs que tu accueillais si chaleureusement dans le nid de ton enfance! Tu devenais à ce moment-là, un vrai professeur d'histoire. Et plusieurs, malgré eux, apprenaient l'importance et la joie de s'intéresser à leurs racines.
Et la politique! Quel sujet brûlant et passionnant à la fois! C'était souvent à l'ordre du jour lors de tes discussions téléphoniques et très animées avec ton petit frère Benoit. Des minutes et des minutes sublimes à discuter encore et encore. Tu tenais mordicus à tes opinions. Impossible de te faire changer d'idée. N'est-ce pas, cher oncle Benoit?
Tu étais, cher papa, un petit comique. Combien de personnes croyaient dur comme fer tout ce que tu leur disais. Plusieurs ont embarqué bien souvent dans ton jeu. Et tu riais de les voir pris dans tes filets. Il fallait bien te connaître afin de déjouer toutes les intrigues que tu savais si bien inventer.
Tu voulais atteindre l'âge mémorable de 90 ans. Tu as réussi. Et que dire de tes projets futurs, tu en parlais comme si tu étais certain de devenir centenaire comme les majestueux arbres qui montent la garde sur le domaine familial !
Tu as toujours été un battant, un amoureux de la vie. Même ces dernières années où, des problèmes de santé, des deuils de toutes sortes sont venus assombrir ta tranquillité d'esprit. Malgré tout, tu gardais la foi en tout et au fond de ton coeur, tu savais bien que ceux qui ne nous tuent pas nous rendent encore plus forts.
C'est dans ces moments de tristesse
que tes anges gardiens arrivaient en douceur te remettre dans la voie de
tes petits bonheurs quotidiens. Quelle confiance tu avais en ces deux perles
rares qui t'ont permis de poursuivre ta route en toute sécurité et surtout
dans la sérénité! Merci Hélène, merci
Simon pour ces gestes gratuits teintés d’amour.
Nous
savons que de là-haut en bon père et en bon papi que tu étais, tu veilleras sur
nous tous. Par respect pour l'être important que tu étais dans nos vies, nous
vivrons intensément chaque jour comme tu le faisais si bien. Bon voyage papa!
Publié par Martine Pelletier (auteure)
Photos: Martine Pelletier