On dit souvent qu'il y a une sensation dans l'odeur de la mer qui rend l'âme heureuse. En cet après-midi du mois de juin 2024, le bord de la mer m'aspirait comme un aimant. C'est pour cette raison que je me suis rendue à mon coin de paradis: La Mer Si-Belle.
C'était aussi pour préparer l'endroit pour y passer la saison estivale. C'était aussi une de ces journées à peine parsemée de quelques nuages cotonneux sur une mer d'un bleu profond. J'ai entamé mon travail dans la roulotte en plaçant quelques affaires là où elles devaient être. Il faut que je vous dise que j'adore décorer avec des babioles à la saveur maritime. Bien oui, pourquoi pas, on vit au bord du grand fleuve. Pourquoi s'en priver.
De la roulotte, on a une vue magnifique sur l'eau, on devient quasiment hypnotisé à observer toute cette étendue de nuances bleues se prolongeant jusqu'à l'horizon. Je n'ai pas pu résister à la tentation de me rendre jusqu'au fleuve. Une petite voix intérieure me prenait par la main pour m'y conduire.
Je ne voulais pas faire immense trempette comme les canards, car durant mon enfance, maman ne voulait pas qu'on se baigne avant la Saint-Jean Baptiste. Elle disait que c'était trop froid. Me tremper juste quelques instants les pieds dans une flaque d'eau ferait certainement mon bonheur. La grande baignade attendra à plus tard.
Il faut que je vous dise que l'endroit n'est pas une plage de sable, mais une grève garnie de cailloux, de galets et de rochers. Je trouve le paysage extraordinaire, car, pour ma part, une longue plage avec uniquement du sable comme dans le sud, j'estime que cela devient ennuyant à la longue.
Ce que j'apprécie à marée basse, c'est de m'étonner, à chaque fois, en découvrant les formes et les teintes diversifiées des roches. D'observer aussi la vie insoupçonnée et mystérieuse entre les rochers, dans les flaques d'eau, quand la mer se retire.
Marchant prudemment, j'ai trouvé un emplacement propice pour m'assoir avec les pieds baignant dans un minuscule bassin d'eau. En regardant au loin, l'immensité de la mer, j'ai pensé à Françoise, partie le 16 mars de la même année, qui affectionnait aussi ce rituel marin dans toute sa simplicité.
Tout était calme: pas de bateaux, ni d'oiseaux de mer, juste le clapotis des vagues faisant entendre, avec douceur, leurs murmures sur les rochers. Et, c'est à ce moment précis, sans trop m'en apercevoir, que je lui ai demandé de m'envoyer une manifestation de son bien-être, de son bonheur, de là-haut.
Sans crier gare, une volée d'une cinquantaine de goélands sont apparus subitement dans le ciel. Ils venaient d'où? De nulle part! Ils volaient et s'amusaient à tout rompre dans le ciel, tournoyant au-dessus de ma tête en faisant entendre des cris de bonheur.
C'était un sublime hymne à la vie. Ne me demandez pas la durée exacte de ce spectacle étourdissant. Je ne sais absolument pas. J'étais figée sur place. Je n'en croyais pas mes yeux et mes oreilles. Tout était déconcertant, musical et magique.
J'ai dit: Françoise, c'est toi. À ces mots, tous les oiseaux sont disparus comme balayés par une baguette magique. Et, apparut comme par enchantement, un magnifique goéland, solitaire, qui a tournoyé au-dessus de moi en entonnant des cris d'allégresse que je n'ai jamais entendus provenant d'oiseaux marins. Tout était euphorique. Je ne pouvais pas croire ce qui m'arrivait.
Ce messager ailé a disparu, à son tour, comme par enchantement. Il n'a pris aucune direction dans le ciel. Je suis restée là, afin de savourer ce moment unique d'un message venu de l'autre ailleurs, de l'inconnu. Je remercie Françoise de m'avoir choisie pour venir vous dire tout simplement:
Je suis passée de l'autre côté.
Je savoure ma nouvelle vie.
Je suis heureuse.
Je ne vous oublie pas.
Je veille sur vous tous.
Publié par Martine Pelletier
Photo montage: Martine Pelletier
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