Pendant ce temps, plusieurs canots contenant plusieurs Amérindiens s'approchèrent avec étonnement de ce gigantesque bâtiment, désireux de le visiter. Pour eux, c'était du jamais vu. De retour de sa quête d'eau, le capitaine les fit monter avec politesse à bord de son vaisseau pour une petite visite de courtoisie.
Après une incursion sommaire des lieux, confiants et heureux de cette hospitalité, les invités ont eu droit à une boisson bien corsée dans le but de souligner leur présence inattendue qui a plus sans contredit au maître de la maison flottante.
Ignorant tout des vertus catastrophiques du rhum servi à profusion, les Indiens en consommèrent sans trop se poser de questions. Une fois ivres, après avoir trop abusé de cette boisson magique, ils s'endormirent profondément, rien ne pouvait les réveiller.
C'est alors que l'équipage ouvrit les voiles à plein régime et reprit la haute mer en amenant les prisonniers sans défense dans les Vieux Pays pour les vendre comme esclaves. Fier de son geste, le capitaine voulut répéter le même scénario et entreprit un second voyage, confiant de la répétition de son plan diabolique.
Après avoir ancré son navire, encore une fois tout près du rivage, il aperçut les canots amérindiens qui venaient à leur rencontre. Le capitaine, d'un signe amical, tout en cachant un sourire malicieux, les invita à s'approcher de son navire. Mais la tribu, fière et sertie d'un esprit vengeur, avait fait serment de lui faire payer très cher l'enlèvement de ses plus fidèles et braves guerriers.
Au lieu de monter sur le pont, ils lancèrent, sans perdre de temps et surtout avec une rage peu ordinaire, des flèches enflammées dans les voiles du bateau, qui brûlait comme un brasier à ciel ouvert. Surpris par cette attaque soudaine et inattendue, le capitaine ordonna de lever au plus vite l'ancre. Le grand voilier en feu disparut à tout jamais dans le brouillard épais, secoué par de gigantesques vagues.
Depuis cette tragédie funeste, les pêcheurs en mer ainsi que de nombreux habitants, demeurant sur la rive, voient apparaître tous les sept ans, un grand vaisseau noir couvert de flammes. Il erre, perdu, sur les flots du fleuve Saint-Laurent, non loin de Gaspé, avec des silhouettes de fantômes se promenant sur le pont.
Lorsqu'on veut le voir de plus près, le vaisseau-fantôme, toutes voiles au vent, s'enfonce et se perd dans une brume épaisse qui laisse les téméraires, incrédules et pris d'un vertige indescriptible!
D'après les Légendes du Saint-Laurent
Écrit adapté: Martine Pelletier (auteure)
Publié par: Martine Pelletier
Photos: libres de droits
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