Ma minuscule roulotte fait sourire et est peut-être passée date aux yeux de quelques personnes, mais pour moi, elle représente tant de merveilleux souvenirs. Elle représente aussi un indéniable chapitre de ma vie lorsque je demeurais à Mont-Joli. Je vais vous apprendre qu'aux États-Unis, les gens doivent débourser assez cher pour s'en procurer une semblable. Ils lui refont une beauté à l'intérieur et en plus, ils exercent leur talent d'artiste à l'extérieur afin de lui donner un cachet unique, qui sort de l'ordinaire, en peignant des dessins variés de toutes sortes et de différentes couleurs qui accrochent l'oeil à coup sûr.
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Oui, ma saga p'tite roulotte a débuté lorsque j'étais enseignante à Mont-Joli. Je demeurais sur la rue Blanchette dans ma formidable maison de style anglais où je m'y plaisais beaucoup. Mais lorsque les vacances estivales se pointaient le bout du nez, je rêvais de liberté, de grand air et surtout de baignades dans la gigantesque piscine à ciel ouvert et à perte de vue: mon unique fleuve Saint-Laurent. Durant des années, je partais vers midi avec mon chien Sardou, mon compagnon à la voix d'or et je me dirigeais soit au parc de la rivière Mitis ou dans les sentiers boisés de l'Institut Maurice Lamontagne qui eux, menaient directement sur les rivages du fleuve. J'avais la sainte paix car c'était des endroits très sauvages et peu fréquentés.
Étant aventurière de nature, je n'avais pas peur du tout car j'avais mon gardien canin fidèle à mes côtés. Je partais tout bonnement avec mon sac à dos rempli de délicieuses victuailles pour passer l'après-midi et bien souvent, j'y restais jusqu'à la venue du crépuscule. J'allumais aussi ce que j'appelais mon petit feu d'indienne et je me sentais tellement privilégiée de vivre ces moments de sérénité. Je me sentais vraiment en communion avec la nature toute entière.
Ces délicieux instants agrémentés par le clapotis des vagues et avec en prime le chant de ces curieux oiseaux de mer qui prenaient plaisir à me saluer au passage, en faisant entendre leurs cris stridents mais tellement chaleureux et sécurisants. Et lorsque le soleil entrait tendrement dans les bras de la mer, je quittais à regret cet havre de paix mais avec au coeur la satisfaction d'avoir passé des moments uniques et dorés de magie.
Un jour, mon père a eu vent de mes petites escapades estivales et il avait peur car je me retrouvais seule. Disons qu'en bon papa protecteur, il nourrissait une certaine appréhension face à mes promenades solitaires. J'ai su entre les branches qu'il en avait glissé un mot d'inquiétude à mon frère Simon.
C'est ainsi qu'un certain samedi matin un peu frisquet, mon frérot a pris contact avec moi par téléphone pour me dire d'aller voir pour un terrain sur ses terres au bord du fleuve. J'y suis allée sans hésitation, poussée par une curiosité sans borne. Je pouvais choisir à condition de ne pas lorgner du côté de l'emplacement de sa future propriété lorsque l'heure de la retraite sonnera pour lui.
Et ce fut le coup de foudre garanti! Je l'avais choisi mon petit coin de paradis! Il était là bien blotti entre la mer et la forêt. J'en avais les larmes aux yeux. Imaginez! Avec une vue splendide sur le fleuve, en face d'un immense rocher servant de sentinelle pour se protéger du vent. Et pour sublimer le tout, au loin, une vue imprenable sur le phare de Métis. C'était grandiose et exaltant à la fois d'admirer ce paysage qui nous en mettait plein la vue dont ces photos publiées dans cet écrit qui viennent appuyer parcimonieusement ce que je vous décris.
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De plus, une autre surprise m'attendait au détour! Et une surprise de taille! La p'tite roulotte de couleur beige d'origine, devenue rose au fil du temps, tout pour faire jaser et surtout faire tempêter au plus haut degré, mon frère Viateur. Il n'était certes pas en pamoison devant cette couleur tout droit sortie des contes de fées. Bien oui, elle appartenait jadis à ma petite soeur Lucie. Et elle était à vendre. Quelle chance inouïe! Je me souviens lorsque je suis entrée à l'intérieur pour la première fois. Ce fut un coup de foudre instantané! Je suis tombée en amour avec sa simplicité, c'est comme si j'avais gagné à la loterie. J'ai dit oui, je la veux. Un vrai mariage d'amour! Je n'en croyais pas mes yeux!
Il faut se le dire, les petits bonheurs ne sont vraiment pas dispendieux! La simplicité a bien souvent meilleur goût! Et les étés se sont succédés dans mon paisible havre maritime, de nombreux étés que je garde en mémoire où j'ai passé de délicieux moments à la saveur de la brise marine. Je me plais à dire en souriant que j'étais la sirène des lieux et surtout la gardienne de ce magnifique territoire de notre incontournable coin de pays. Il est où le bonheur? Il est où? Dans ma p'tite roulotte rétro! Qu'est-elle devenue? À suivre...
Publié par Martine Pelletier (auteure)
Photos: Martine Pelletier