Nous sommes tous connectés mais chacun dans son coin. Un individualisme qui fait peur.
À FORCE D'ÊTRE CONNECTÉ AUX AUTRES, ON FINIT PAR SE DÉCONNECTER DE SOI.
Aujourd’hui, on ne se touche plus, on ne se voit plus, on n’a plus de secrets l’un pour l’autre, on ne s’entend plus mais surtout on ne s’écoute plus. Aujourd’hui, on boit jusqu’à plus soif, seul dans son coin. Pour certains, un logement luxueux ; pour beaucoup d’autres, un appart minable. Même riche, quand on vit seul dans son palace, on est misérable et on peut se sentir comme enfermé. On vit seul dans sa petite prison dorée.
Aujourd’hui, je te parle d’un temps que les moins de trente ans ne peuvent pas connaître. Enfant, quand je sortais pour aller jouer dans les champs, personne ne pouvait me géolocaliser.
Je faisais les quatre cents coups et personne n’était là pour me surveiller. En ce temps-là, nous sortions de chez nous, libres, personne ne nous suivait à la trace. Le regard droit devant, la tête haute, l’esprit clair et les mains dans les poches, nous marchions, nous pensions, nous rêvions. On n’était pas continuellement distrait. On avait appris la patience, on regardait les autres évoluer autour de soi.
À cette époque-là, on savait cultiver l’ennui, on parlait avec les autres pour passer un bon moment ou juste pour passer le temps. Qu’il est loin ce temps-là, cela fait décidément partie d’une autre vie. C’étaient encore les belles années où chacun de nous communiquait de vive voix avec celles et ceux qui se trouvaient près de nous. On se serrait la main pour se dire bonjour ou on se faisait la bise. On pouvait se tapoter l’épaule, on pouvait même sentir le parfum des autres. On se racontait des petits secrets dans le creux de l’oreille.
On riait, on parlait fort, on refaisait le monde, on se disputait et on buvait un verre pour se réconcilier. On partageait de bons moments, mais on pouvait aussi être disponible en cas de chagrin pour écouter l’autre pleurer sur son épaule.
Aujourd’hui, on marche dans la rue sans regarder où l’on va, on a les yeux fixés sur ce petit écran qui hypnotise. Si par le passé on m’avait dit qu’un jour, les hommes marcheraient tous la tête baissée, sans même se regarder, jamais je n’aurais pu croire pareilles sottises.
Aujourd’hui, on ne se touche plus, on ne se voit plus, on n’a plus de secrets l’un pour l’autre, on ne s’entend plus mais surtout on ne s’écoute plus. Aujourd’hui, on boit jusqu’à plus soif, seul dans son coin. Pour certains, un logement luxueux ; pour beaucoup d’autres, un appart minable. Même riche, quand on vit seul dans son palace, on est misérable et on peut se sentir comme enfermé. On vit seul dans sa petite prison dorée.
Aujourd’hui, on se raconte sa vie sur la toile mais on ne la vit plus ensemble. Aujourd’hui, on se partage les bons et mauvais moments mais chacun depuis son petit coin, chacun de chez soi.
Aujourd’hui, on a pris l’habitude de se prendre en photo. À l’époque dont je te parle, cela n’était jamais venu à l’esprit de quelqu’un de se prendre en photo, juste pour l’envoyer par la poste aux autres. Non, à cette époque-là, les souvenirs se construisaient ensemble pour les revoir ensemble, pas chacun solitairement. Nous étions solidaires des souvenirs des autres.
La société dans laquelle nous évoluons aujourd’hui, est celle des réseaux sociaux et Internet. Aujourd’hui, c’est devenu un rituel: tu prends la pose devant ton téléphone, tu souris bêtement, tu te forces car un vrai sourire s’adresse à quelqu’un, mais là du coup, t’es tout seul.
Trop souvent aujourd’hui, on vit seul, on mange seul, on dort seul, on rit, on pleure et on fait même l’amour tout seul, chacun de l’autre côté de son écran.
Aujourd’hui, est venu le temps de l’image. Soigner son image de marque, celle qui représente le bonheur dans toute sa splendeur. Il faut absolument montrer un trop plein de belles choses qui nous arrivent.
C’est ainsi que l’homme d’aujourd’hui partage tout, sauf sa laideur. Il cache sa faiblesse et renie son malheur. Surtout, ne montrer que ce qui est présentable, ce qui est enviable, toujours plus grand, plus cher, plus beau et plus bluffant.
L’homme d’aujourd’hui ne fait plus dans le naturel ni le surnaturel, non, juste dans l’exceptionnel. Il veut que sa vie paraisse extra plus qu’ordinaire car extraordinaire n’est plus assez.
C’est ainsi que du matin au soir, il travaille son image mais aussi ses pensées à travers celles des autres. Les belles phrases, les belles citations qu’il rencontre chez les autres, il les partage volontiers pour que l’on sache bien ce qu’il pense, lui, enfin plutôt ce qu’il lit dans les pensées des autres.
C’est ainsi que l’homme d’aujourd’hui n’a jamais autant communiqué avec tout le monde alors qu’il n’a personnellement plus rien à dire. Il se contente de répéter pour ne plus rien avoir à penser car il n’y arrive plus.
Il est parasité par les pensées des autres, trop c’est trop, il n’a plus le temps de réfléchir. Il veut toujours plus d’activités comme si ne rien faire lui était interdit. Comme si ne pas avoir d’activités était synonyme d’être un raté. Non, il vit dans l’action constante du partage, toujours bouger plus pour partager plus et plus.
Nous vivons aujourd’hui à l’ère d’Internet, Instagram, YouTube, Twitter, Facebook qui sont devenus les « Places To Be », faute de quoi vous n’êtes pas considéré comme une personne branchée.
On cause, on cause pour masquer en soi ce silence qui tue à petit feu. Ce silence intérieur n’a jamais été aussi présent alors que l’on dialogue avec la planète entière.
Avant, on avait l’essentiel dans une vie, du temps de réflexion. On parvenait à trouver du repos pour soi. On avait des moments où l’on pouvait s’ennuyer et ce pour son plus grand bien, laisser son mental au repos.
Aujourd’hui, l’homme vit dans une société en train de l’emprisonner en lui faisant croire qu’il vit dans un monde libre.
Non, l’homme n’est plus maître de lui, ni de sa personne, ni de sa voix, ni de son image, tout est enregistré, tout est archivé. Nous sommes la dernière génération qui aura connu un monde sans Internet, sans être connecté, sans portable, sans Facebook, You Tube, etc…
Les jeunes générations et celles à venir ne connaitront qu’un univers connecté. Ils trouveront normal d’appeler à l’aide :
« OK Google – Dis Siri »
Que vont-ils devenir?
Qu’en sera-t-il de leur capacité de penser, d’agir, de prendre des décisions sans être constamment surveillés, guidés, dirigés dans leur vie de tous les jours ?
Ose faire comme moi, un pas en arrière, puis deux. Essaie à nouveau de vivre moins connectée. Vous, les autres, qui avez connu le monde d’hier, apprenez à reprendre votre vie en main comme vous le faisiez avant-hier, remontez dans votre jeunesse et qu’y voyez-vous ? Un garçon, une fille, un sourire, de bons moments entre amis, discutant, riant, courant, s’amusant ensemble et non chacun depuis son écran, seul à la maison.
« À force d’être connecté aux autres, on finit par se déconnecter de soi. »
À force de vouloir toujours te rapprocher plus des autres, tu risques de perdre ta place dans la société. Si tu continues de la sorte, un jour, tu finiras par te perdre de vue. Il est plus qu’urgent de couper le cordon de temps en temps.
« Les réseaux sociaux relient les gens mais les délient d’eux-mêmes, ils gagnent des contacts extérieurs mais ils perdent ainsi tout contact intérieur. Ils ne se sentent plus isolés du monde, ils se sont isolés d’eux- mêmes »
L’homme moderne est connecté avec le monde entier, seulement, il a perdu la connexion avec soi. Il n’a plus le temps ni le silence nécessaire pour arriver à se retrouver. L’homme, en avançant technologiquement, se perd humainement en reculant !
On devient dépendant des autres quand on est dépossédé de soi. Dès notre naissance, nous apprenons à nous détourner de notre solitude. La société ne veut pas de ces solitaires, considérés comme hors norme ou comme des malades. Il est mal vu aujourd’hui de rester seul, ce n’est pas bon pour la santé.
Aujourd’hui, la solitude est considérée comme une maladie. Un mal-être dans une société où l’on se doit de vivre en compagnie des autres, faute de quoi on est catalogué comme malade, dépressif ou asocial. Pour être dans la norme, il vous faut des amis.
Imaginez un seul instant, si tout le monde se mettait à savourer les bienfaits de la solitude. Les gens deviendraient tous libres, forts et intelligents. Où irait le monde avec ces solitaires mal intégrés dans cette société de consommation? Mais surtout, qui consommerait ?
Le problème de l’homme est qu’il n’est plus jamais seul. Un enfant devrait pouvoir s’ennuyer, c’est vital pour son développement. Son imagination ne travaille plus quand il est tout le temps en groupe !
Souvent, nous souffrons, car nous avons peur d’être en manque, mais c’est en nous qu’un manque va se créer profondément, entrainant une surconsommation de biens. On nous pousse à toujours plus, d’achats compulsifs et de consommations d’excitants, alcools et boissons sucrées sans oublier les médicaments pour supporter la vie.
Un cercle vicieux s’est mis en place autour de nous, et tout cela parce qu’à la base, on nous a incités à vouloir absolument socialiser et nous retrouver ainsi toujours entourés.
NE JAMAIS SE RETROUVER SEUL EST CATASTROPHIQUE !
L’homme moderne a perdu ce désir de rentrer en lui, il ne sait plus comment faire pour intérioriser. La plupart a même peur de ce constat de calme et de vide. Vite, fuyons notre île de paix pour aller retrouver le monde extérieur. Ouf, sauvés, voilà la ville avec son brouhaha, ses lumières et ses paillettes de strass qui ont enlevé nos espoirs.
L’homme n’espère plus, il désespère en permanence, il se plaint de ne pas avoir de temps à se consacrer. Il a même perdu le temps de ses rêves. Il en est arrivé à rêver sa vie alors qu’il lui faudrait vivre ses rêves, toujours !
Nous voulons toujours que les autres nous acceptent dans leurs groupes d’amis. Nous ne devons rien attendre des autres et eux n’ont rien à attendre de nous, nous avons tous nos propres ressentis et actions à accomplir. La vie n’est pas que partage, elle est réalisation de soi, en se construisant chaque jour.
Un enfant ne ressemble pas à un adulte, ni un adulte à un enfant et pourtant il s’agira de la même personne. Dans l’enfance, on est spectateur de sa vie, on s’identifie à des personnages. Ceux-ci font partie de nous durant cette période de vie.
Une fois adulte, on devient acteur de sa vie en oubliant l’enfant que l’on a été mais qui est toujours en soi. Notre enveloppe physique traversera les affres du temps, notre corps sera flétri mais l’enfant que nous avons été restera toujours intact.
Quand j’entendais parfois mon fils me dire « Papa, je m’ennuie », je lui répétais que c’était bien, qu’il en avait de la chance. Durant la phase de l’ennui, il peut ainsi en profiter pour être déconnecté de la réalité pour se reconnecter à ses propres pensées, ses propres ressentis, faire à nouveau connaissance avec soi, entamer un dialogue interne.
Les temps de silence, de solitude et d’ennui sont nécessaires pour être vraiment relié intérieurement. Ne jamais culpabiliser lorsqu’un enfant déclare qu’il s’ennuie. C’est durant ces moments-là que l’on est le plus créatif !
J’avoue qu’il ne comprenait pas tout mais je lui expliquais ce qu’il pouvait faire : réfléchir, lire, écrire, peindre, faire des pompes, faire des tractions, sauter à la corde, apprendre la musique ou encore plus bénéfique pour son équilibre, NE RIEN FAIRE !
Je souhaite laisser à ma petite-fille un bel héritage, bien entendu je ne parle pas de biens matériels mais d’un héritage impalpable. J’espère avoir semé dans son cœur quelques graines de lucidité, qui feront grandir en elle un peu de folie et beaucoup d’amour.
Il devient plus qu’urgent de prendre conscience que si l’homme continue ainsi, il va droit dans le mur qu’il est en train de se construire et une fois celui-ci terminé, il se sera lui-même emmuré.
Alors avant que cela n’arrive, penses-y, reprends ta vie en main.
De temps en temps, fais une pause et déconnecte-toi des réseaux sociaux pour mieux te reconnecter à toi-même et lâche ce foutu téléphone. Si tu le laisses faire, bientôt il deviendra la prolongation de ta main et tu n’auras rien vu venir.
Apprends à vivre sans le consulter une bonne dizaine de fois par jour. Si tu aimes lire, prends un livre, évade-toi en toi, pas dans la vie des autres. À force de les regarder sur les réseaux, tu vas finir par leur ressembler et il n’y a rien de plus triste que vouloir être quelqu’un que tu ne seras jamais. Sois-toi, crois-moi, c’est déjà un sacré défi. Toi qui me lis, prends soin de toi, tu le mérites…
Je doute que tu sois arrivé jusqu’ici, mais si c’est le cas, sache que tu viens de lire un extrait du chapitre 12 de mon livre » Voyage en terre intérieure » le tome 2 de ma trilogie » Sois heureux maintenant «
Si tu lis ceci, sache que je te remercie pour l’effort que tu viens de faire, tu as pris le temps de parcourir ce texte.
Cela devient de plus en plus rare de nos jours, car habituellement, les gens scrollent vers le bas sans s’arrêter.
Merci, ami lecteur, grâce à toi, mes mots ont pu résonner un peu en toi. Maintenant, c’est à toi de les partager avec les autres.
Fais circuler ce texte.
Armand Henderyckx
Publié par Martine Pelletier
Photos: libres de droits
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