Les miroirs

Se mirer, s'admirer. 

Oui, les miroirs servent beaucoup à ça.

Mais, davantage encore, ils provoquent une interrogation, une inquiétude. 

La reine maléfique de Blanche-Neige ne manifeste aucun plaisir quand elle demande au génie du miroir de lui confirmer qu'elle est bien la plus belle du royaume. 

Elle n'est qu'anxiété, tension, et la réponse négative qu'elle reçoit est décuplée par l'injustice de sa colère: "Tu n'es qu'un menteur !"

Non, les miroirs ne mentent pas.

Pour les enfants, ils n'existent pas.

Ils apparaissent à l'adolescence.

 

Les vitrines des magasins, les vitres des voitures sont leurs substituts, tant est alors vif le désir de s'incarner dans une image singulière et réconfortante.

Reflet quelquefois rassurant, mais jamais exactement de la manière dont on l'attendait. 

Certaines mais également certains en gardent le souci jusqu'au bout de leur vie.

Être belle.

Être beau.

Être soi. 

Est-ce la même chose?

Le miroir ne répond jamais. Il réfléchit.

Philipe Delerm

Publié par Martine Pelletier